
Biographie
Né à Cuba en 1949, Arturo Sandoval est un enfant obsédé par les disques bebop de Charlie Parker, Clifford Brown… et de Dizzy Gillespie qu’il rencontre en 1977, et qui devient, à jamais, son ami et mentor. Explorateur inspiré du mélange des genres, Arturo Sandoval insuffle cette fusion explosive des musiques jazz, classique, bebop et de la musique cubaine traditionnelle, notamment avec le groupe Irakere qu’il fonde au début des années 70.
Fuyant le régime oppressant de Fidel Castro pour se réfugier aux Etats-Unis en 1990, le trompettiste peut alors accomplir ses rêves et donner encore plus de force et d’inspiration à sa soif de liberté… artistique. Sa virtuosité, sa carrière riche de créations, de rencontres et de collaborations, ont fait d’Arturo Sandoval l’un des monstres les plus sacrés de la trompette et du bugle de jazz, avec pas moins de 10 Grammy Awards. À 74 ans, le doyen de ce festival Jazz à Toulon est résolument un musicien accompli, sans doute l’un des plus brillants, des plus polyvalents et des plus renommés de notre époque.

Signe évident du destin, celui qui va devenir le protégé de Dizzy Gillespie, est né le 6 novembre 1949 à Artemisa, aux abords de La Havane, tout juste 2 ans après que ce grand maître introduise pour la première fois des influences latines dans le jazz américain !
À l’âge de 12 ans, Arturo Sandoval étudie la trompette classique avec un professeur russe, mais le jeune passionné est très vite happé par le monde du jazz, obsédé par l’écoute et la retranscription des disques bebop de Charlie Parker, Clifford Brown et Dizzy Gillespie qu’il vénère par-dessus tout.
L’empreinte fusion
Au début des années 70, Arturo Sandoval participe à la création du groupe Irakere (récompensé par un Grammy Award), aux côtés de Chucho Valdés et Paquito D’Rivera. La fusion explosive de ces musiques jazz, classique, rock et de musique cubaine traditionnelle fait sensation.
En 1977, le trompettiste finit par rencontrer son « père spirituel » Dizzy Gillespie en tournée dans les Caraïbes, qui devient son ami et mentor et avec lequel il partagera ensuite de nombreuses scènes à travers le monde.
Le tour de Cuba
Alors qu’Irakere signe chez Columbia pour deux albums, Sandoval quitte le groupe en 1981 pour créer sa propre formation de jazz latino. Le trompettiste fait le tour de Cuba, tandis que le régime de Fidel Castro l’autorise parcimonieusement à participer à des festivals ou à faire quelques apparitions dans des orchestres étrangers comme le BBC Symphony Orchestra à Londres ou le Philharmonique de Leningrad dans l’ex-URSS.
Après quelques albums comme Breaking the Sound Barrier (1983) ou Tumbaito (1986), Arturo Sandoval publie le remarquable Straight Ahead (1988) dans lequel il retrouve Chucho Valdés et fait la démonstration, une bonne fois pour toute, de sa technique parfaite. En revanche, cette perfection est loin de s’appliquer aux relations que Sandoval entretient avec le régime castriste, au point qu’il envisage de fuir son pays.
Sandoval l’Américain
En juillet 1990, profitant d’un voyage en Europe avec femme et enfant, il se réfugie à l’Ambassade des Etats-Unis à Rome et sollicite l’asile politique que son grand ami Gillespie l’aide à obtenir. Installé à Miami en Floride, le trompettiste peut enfin accomplir et même dépasser ses rêves d’enfant en donnant encore plus d’énergie, de force et d’inspiration à sa soif de liberté… artistique. Il obtient officiellement la nationalité américaine en 1998.
15 ans après, en remettant à Arturo Sandoval l’honorifique Médaille présidentielle de la Liberté en 2013, le président de l’époque Barack Obama dira de lui : « né dans la pauvreté à Cuba et retenu par son gouvernement, il a tout risqué pour partager ses dons avec le monde. Au cours des décennies qui ont suivi, cet étonnant trompettiste, pianiste et compositeur a inspiré des publics aux quatre coins du monde et éveillé une nouvelle génération de grands interprètes. Il reste l’un des meilleurs musiciens de tous les temps ».
Virtuose sur tous les registres
Devenu l’un des gardiens les plus reconnus de la trompette et du bugle de jazz, on parle souvent de la « virtuosité » d’Arturo Sandoval ou de sa spécialité dans les notes aiguës. Mais celui qui l’a vu au piano, improvisant avec lyrisme une ballade, ou qui a eu l’occasion d’apprécier la diversité de sa musique, à travers ses compositions allant du jazz le plus direct au latin jazz en passant par le classique, sait qu’Arturo Sandoval est un musicien complet et accompli, sans doute l’un des plus brillants, des plus polyvalents et des plus renommés de notre époque.
L’homme qui valait 10 Grammy Awards
Au cours de sa longue carrière – loin d’être terminée (!)- Arturo Sandoval a reçu 10 des 19 Grammy Awards pour lesquels il a été nommé (dont ceux du meilleur album de latin jazz et du meilleur solo instrumental de jazz), voyant ainsi son œuvre traverser le temps sans une égratignure depuis Flight to Freedom (1991) à l’anthologique Trumpet’s Evolution (2003), jusqu’à A Time for Love (2010). À cela s’ajoutent 6 distinctions des Billboards Music Awards.
Arturo Sandoval met aussi ses talents de compositeur au service du 7ème art et signe des compositions de musiques de films, de documentaires, de séries TV et même de publicités.
Lorsque HBO Films décide de dédier un long métrage à la vie d’Arturo Sandoval, « For love or country » avec Andy Garcia dans le rôle d’Arturo, on lui demande d’en composer la bande originale, ce qui lui vaut d’accrocher à son palmarès en 2001 une nouvelle distinction et non des moindres avec un Emmy Award !
Un homme très classique
Formé au classique, Arturo Sandoval en a toujours gardé le goût et l’intérêt au point de faire aussi partie de cette grande famille en se produisant régulièrement avec les plus grands orchestres symphoniques. Arturo a composé son propre « Concerto pour trompette et orchestre » que l’on peut entendre sur Arturo Sandoval : The Classical Album. Il interprète et enregistre également le « concerto pour trompette » de John Williams avec l’orchestre symphonique de Londres.
Sa parfaite maîtrise du sujet lui vaut le respect et l’admiration des chefs d’orchestre, des compositeurs et des orchestres symphoniques les plus prestigieux du monde entier.
La richesse des rencontres
La polyvalence d’Arturo Sandoval s’apprécie aussi sur ses très nombreuses collaborations avec des musiciens tels que Dizzy Gillespie, Woody Herman, Woody Shaw, Michel Legrand, Josh Groban, Bill Conti et Stan Getz, mais aussi Johnny Mathis, Frank Sinatra, Paul Anka, Rod Stewart et Alicia Keys, pour n’en citer que quelques-uns. Il s’est produit avec John Williams et le Boston Pops, ainsi qu’au Super Bowl avec Tony Bennett et Patti LaBelle.
Mais s’il y a UNE rencontre qui aura marqué à jamais la vie d’Arturo Sandoval, c’est bien celle avec Dizzy Gillespie, à qui il n’a cessé de rendre hommage notamment à travers son album Dear Diz- Every day I think of you (2012), ou bien encore avec le livre qu’il a écrit et publié plus récemment, au titre très évocateur : « The Man Who Changed My Life » (L’homme qui a changé ma vie).